Aurélien Tourte

Interview des professeurs : Aurélien TOURTE

Aurélien est la douceur incarnée. Il est comme un paquet de coton hydrophile. Mais sous ce sourire enjôleur, il sait tirer le meilleur de ses élèves. Et comme on dit : méfiez-vous de l'eau qui dort. En vrai, il est complètement fou !! ;)


Depuis combien de temps es-tu prof ? Et prof au Cours Clément ?

Je suis prof de théâtre depuis presque 20 ans. Après le bac j'ai tout de suite commencé à donner des cours aux enfants dans le club de théâtre dans lequel j'avais commencé, et comme j'adore ça je n'ai jamais arrêté depuis. Au Cours Clément j'ai le plaisir d'y être prof depuis la saison 2016/2017.

Quel est ton parcours théâtral ?
J'ai commencé le théâtre à l'école primaire et je n'ai jamais arrêté. Après le bac j'ai fait le Conservatoire du 7ème arrondissement de Paris, puis j'ai intégré l’École supérieure d'art dramatique de Paris (ESAD). Depuis j'ai travaillé au sein de plusieurs compagnies pour des spectacles aussi divers que variés : du classique, du contemporain, des comédies, des tragédies...

Est-ce que tu te souviens de ton premier cours ? De ton premier spectacle ?
Mon premier cours je devais avoir 8 ans, j'étais tétanisé. On avait conseillé à mes parents de m'inscrire à un cours de théâtre pour m'aider à gérer mes émotions. Dans mes souvenirs je n'ai pas super bien géré émotionnellement ce premier cours. Et mon premier spectacle c'était quelques mois plus tard, je jouais le vieux Chinois de porcelaine dans "La Bergère et le ramoneur", un grand moment de théâtre boudé par les critiques du journal de l'école à l'époque, mais qui dans ma famille est devenu culte, personne n'a oublié mes moustaches, mon chapeau et surtout ma mort bouleversante.

Meilleur / pire souvenir de théâtre ?
Mon meilleur souvenir de théâtre a commencé par le pire. C'était il y a une quinzaine d'années, je jouais une pièce de Jean Genet dans un petit théâtre parisien et le succès n'était pas vraiment au rendez-vous. Un soir, quelques minutes avant le début du spectacle, le metteur en scène vient nous annoncer dans les loges qu'il n'y a qu'une seule personne dans la salle et nous demande si on veut quand-même jouer ; on décide de jouer, le spectacle se passe très bien et au moment du salut, notre seul et unique spectateur au lieu d'applaudir prend la parole, le hasard a voulu que c'était un des comédiens de la pièce à sa création 50 ans auparavant , on a passé la soirée avec lui à parler théâtre, poésie et Jean Genet.

Une anecdote dingue / drôle ?
Une des choses les plus folles que j'ai vécu sur scène s'est passée quand j'étais au lycée, je jouais Louka dans "L'Ours" de Tchékov et pendant la grande scène de dispute entre Elena Ivanovna Popova et Grigori Stépanovitch Smirnov, la comédienne jouant Elena a un énorme trou de mémoire et paniquée quitte la scène pour aller regarder son texte en coulisses ; je décide alors d'entrer sur le plateau et là commence une scène improvisée muette et complètement folle entre Louka et Grigori qui dure le temps que la comédienne retrouve son texte et ses esprits, je ne sais pas combien de temps ça a duré, mais ça m'a paru terriblement long. Fin du spectacle, on était tous les trois dépités, mais là nos familles et nos amis nous parlent que de la scène muette entre Louka et Grigori, ils avaient trouvé ce passage complètement délirant et drôle et se demandait comment l'idée nous était venue et combien de temps il nous avait fallu pour régler ce « numéro ». Ce soir là j'ai compris que quoiqu'il arrive, on continue de jouer.

Quel est l’esprit que tu essaies d’insuffler dans tes cours ?
Je dis souvent à mes élèves qu'une année de théâtre c'est comme une grande chasse au trésor, que le texte c'est notre carte avec plein d'indices plus ou moins évidents cachés dans les répliques ; et qu'ensemble on va passer notre année à prendre des pistes plus ou moins bonnes, à découvrir des nouveaux territoires, à essayer de résoudre des énigmes, à déchiffrer, à décoder pour qu'à la fin, le trésor qu'on a cherché ensemble tout au long de l'année prenne vie sur scène. En réalité c'est en le cherchant inlassablement qu'on a créé le trésor. Donc l'esprit que j'aime insuffler dans mes cours, c'est l'esprit d'aventure et d'exploration.

Comment tu décrirais ton travail / ta méthode ?
Je ne parlerais pas de méthode que j'appliquerais avec tous mes groupes, mais de démarche, qui elle, reste la même et s'affine avec le temps. Je pars du groupe, des individualités qui se rencontrent pour faire troupe. D'un groupe à l'autre les envies, les besoins, les énergies sont très différentes et mon travail en tant que professeur c'est d'accompagner ce groupe de la manière la plus unique qui soit. J'ai un bagage technique à apporter à chacun selon là où il en est, mais en ce qui concerne la matière artistique, le jeu, les imaginaires, c'est pour moi de la matière vivante et foisonnante avec laquelle on doit jouer ensemble tout au long de l'année.

Qu’est-ce que tu aimes monter comme spectacle ? Quel théâtre aimes-tu ?
J'aime monter des spectacles qui surprennent, qui font voyager, qui bouleversent, qui provoquent des éclats de rire, qui emmènent le spectateur le plus loin possible, bref des spectacles où les émotions sont fortes. La scène est le lieu du possible, où on peut tout se permettre ; ce n'est pas le lieu de la tiédeur c'est le lieu du très chaud ou du très froid, et c'est ce que j'aime dans les spectacles que je monte et dans ceux que j'aime en tant que comédien et spectateur. Du classique, du contemporain, du comique, du tragique, de la création collective, tout est possible avec moi.

Ce que tu aimes chez un comédien / une comédienne ?
J'aime la générosité, la folie, l’intériorité, l'envie et la poésie. Quand toutes ces qualités sont réunies il se passe toujours des choses formidables. Et avec des amateurs ce n'est pas le talent qui prime mais l'envie et le plaisir.



LE PORTRAIT « CLÉMENT » :


Si tu étais une pièce de théâtre ?
L’odyssée pour une tasse de thé de Jean-Michel Ribes

Si tu étais un auteur de théâtre ? Wajdi Mouawad

Si tu étais un comédien / une comédienne ? Philippe Noiret

Si tu étais un personnage ? Ruy Blas

Si tu étais un plat ? Une croziflette

Si tu étais un film ? Qui veut la peau de Roger Rabbit ?

Si tu étais un livre ? Martin Eden de Jack London

Si tu étais une destination de vacances ? La montagne

Si tu étais un animal ? Un dodo

Si tu étais une œuvre d’art ? Un tableau de Chagall

Si tu étais un super pouvoir ? Celui de faire apparaître du fromage, du vin et du pain en bougeant mon nez comme Samantha Stephens

Si tu étais une réplique de film / théâtre ou citation ? « Ça va être tout noir » dans RRRrrrr d'Alain Chabat et de Les Robins des bois.

Si tu étais un personnage de Friends ? Pheobe

Si tu étais un sport ? Le curling

Michel Sardou ou Johnny Hallyday ? Johnny Sardou

Messi ou Cristiano Ronaldo ? John McEnroe

Koh Lanta ou Top Chef ? Koh Lanta avec la bouffe de Top Chef.

Film ou série ? C'est comme me demander si je préfère mon père ou ma mère.

Fiction ou réalité ? Fiction

Boire ou conduire ? Je n'ai pas le permis.

Adam ou Eve ? La pomme

Gloire ou Argent ? Amour (et beauté)

César, Oscars, Molière ou Palme ? Ours d'or

Comédie ou Tragédie ? Comgédie

Monologue ou Dialogue ? Dialogue (mais parfois seul).

Batman ou Joker ? Alfred

Improviser ou suivre le texte ? Me sentir libre en suivant le texte #RéponseDeThéâtreuxQuiSeLaRaconte

Sexe ou amour ? Ça dépend des heures.