Félix Philippart

Interview des professeurs : Félix PHILIPPART

La légende raconte qu'il a commencé le théâtre à l'âge de 4 ans. Il ne parlait pas encore mais il mettait déjà en scène ses grands frères. La légende raconte qu'à dix ans il montait "Hamlet" et définissait les grandes règles de l'Improvisation. Ceci est sa légende. Spielberg en a acheté les droits.

Depuis combien de temps es-tu prof ? Et prof au Cours Clément ?
Cela fait maintenant 8 ans que j’enseigne, dont 3 ans au Cours Clément.

 

Quel est ton parcours théâtral ?
Je suis originaire de Caen, en Normandie. J’ai grandi dans une famille bourgeoise qui m’a donc sensibilisé très jeune au théâtre. J’ai commencé par suivre des ateliers amateurs de théâtre et d’improvisation théâtrale à l’âge de 8 ans, où j’ai rencontré le professeur qui deviendrait mon mentor et un ami très proche, Ludovic Duchesne. Un type punk, hors de toutes conventions. J’ai continué sous son aile pendant des années. Après mon Bac, j’ai fait mes études au Conservatoire de Caen, sous la direction de Virginie Lacroix qui m’a sensibilisé aux écritures contemporaines.
Suite à la validation des mes études, j’ai immédiatement été recruté au sein d’une compagnie Normande d’improvisation théâtrale, la Compagnie Macédoine. C’est à cette même période que j’ai commencé à enseigner de manière régulière, et que j’ai découvert toute la passion que j’avais pour la transmission. Après près de 3 ans, j’ai décidé de quitter ma Normandie pour venir vivre à Paris, mais n’y possédant que très peu de contacts, j’ai choisi d’entamer à nouveau une formation professionnelle, afin de me créer ce réseau, si indispensable à notre travail. J’ai donc rejoint la Manufacture de l’Acteur, où j’ai eu comme professeurs ceux qui sont aujourd’hui mes collègues. En 2016, j’ai monté ma propre Compagnie artistique, la Cie PAF!, mêlant texte, improvisation et théâtre-forum. En 2018, je commence à travailler pour deux prestigieuses compagnies d’improvisation théâtrale : la Ligue Majeure d’Improvisation et Paris Impro. La même année, je suis engagé comme professeur de théâtre et d’improvisation théâtrale au Cours Clément et à la Manufacture de l’Acteur. Depuis, je continue d’enseigner avec passion et travaille également avec beaucoup d’autres compagnies, à Paris, en Normandie et en Nouvelle-Aquitaine, que ce soit pour des projets de mise en scène, de spectacles improvisés ou de théâtres-forums.
 

Est-ce que tu te souviens de ton premier cours ? De ton premier spectacle ?
Du premier cours que j’ai donné ? Non. Je me rappelle qu’il s’agissait d’un atelier d’improvisation théâtrale pour amateurs, mais impossible de me rappeler du contenu exact de mon cours… Quant au premier spectacle que j’ai dirigé, oui, il s’agissait de Small Talk, de Carole Fréchette, une pièce sur les personnes qui ne savent pas quoi dire quand elles doivent parler, et que ça emmerde de devoir dire des choses juste pour combler des silences. Cette pièce reste aujourd’hui encore l’une de mes œuvres favorites. Si la question était de me souvenir du premier spectacle dans lequel j’ai joué, la réponse est oui, il s’agissait du "Petit Prince", quand j’avais 8 ans., ça ne nous rajeunit pas tout ça…
 

Meilleur / pire souvenir de théâtre ?
Pour mon meilleur souvenir de théâtre, il s’agit d’une résidence (période de travail d’un spectacle où toute l’équipe passe ses journées dans le théâtre de production pour travailler la pièce) effectuée dans un Centre Dramatique National à la fin de mes études au Conservatoire. Nous mettions en place une pièce de Gabily, qui devait faire l’ouverture d’un gros festival d’écritures contemporaines. Durant toute la période de création, je ne croyais pas au projet, j’étais persuadé que ça ne fonctionnerait pas, je doutais de la direction de notre metteure en scène, bref, j’étais persuadé que nous courions à l’échec. Mais, arrivée à cette semaine de résidence, l’émulation provoquée par le travail collectif dans ce lieu, avec ce grand plateau sur lequel nous allions présenter notre création, tout ça me fit abandonner mes craintes et me conféra une belle leçon d’humilité : quand on est acteur, au plateau, nous n’avons pas le recul suffisant pour juger de la qualité d’un tel travail d’ensemble. Il faut toujours avoir une confiance immense dans son ou sa metteur(e) en scène et accepter de s’investir à 300% dans le travail à ses côtés, sans forcément chercher à toujours comprendre ou anticiper le résultat. C’est le seul moyen d’arriver à un bon résultat.

Une anecdote dingue / drôle ?
Lors d’une représentation, l’un de mes partenaires avait un monologue face public. Après avoir commencé son monologue, une personne âgée dans le public a commencé à lui répondre, à voix haute, pensant que le comédien s’adressait à elle. Elle a déclenché un fou rire d’une partie du public et de l’équipe du spectacle !

Quel est l’esprit que tu essaies d’insuffler dans tes cours ?
Je fais au mieux pour allier l’esprit de travail, nécessaire à la bonne avancé de notre projet de fin d’année, et un esprit festif, jovial, plaisant. L’objectif est de passer un bon moment ensemble, mais d’être capable de se mettre rapidement et sérieusement au travail ! Pour mettre à l’aise tous mes élèves, je joue avec eux, non pas pour leur montrer, mais pour aiguiser leurs réflexes d’adaptation et leur permettre de mieux comprendre mes retours.

Comment tu décrirais ton travail / ta méthode ?
J’essaie de mettre en place une pédagogie par l’action. Il ne sert à rien de comprendre la plus belle théorie du monde si on ne la met pas en action. Je fais donc en sorte que mes élèves soient un maximum au plateau, que ce soit pour des exercices, des jeux, des scènes. Je tente également de leur insuffler au mieux toute ma rigueur et mon exigence, car, qu’il s’agisse de texte ou d’improvisation, il ne faut pas prendre le travail à la légère et ne pas arriver les mains dans les poches !

Qu’est-ce que tu aimes monter comme spectacle ? Quel théâtre aimes-tu ?
La réponse n’a pas d’importance. En réalité, la vraie question est : qu’est-ce que mes élèves auront, eux, envie de jouer ? Car il est inutile de monter un spectacle qui ne plaise qu’à moi. Il s’agit d’un cours loisir et il faut donc que ça le reste, que les élèves ne viennent pas en cours la mort dans l’âme parce qu’ils savent qu’ils n’aiment pas leur projet de fin d’année. Ainsi, chaque année, je mets à profit les cours de septembre à novembre pour faire découvrir à mes élèves différents styles et auteurs. Je les fais lire, je les fais jouer, je les fais essayer. Ainsi, en décembre, nous décidons ensemble de ce qui leur a le plus plu et je monte ainsi un projet qui leur ressemble et qu'ils auront envie de défendre.

Ce que tu aimes chez un comédien / une comédienne ?  
Sa disponibilité et sa curiosité. Il faut avoir envie d’apprendre, de travailler, et être toujours prêt à évoluer. Le spectacle vivant, c’est un secteur qui demande à être toujours en mouvement. Les comédiens doivent donc être prêts à être eux-mêmes en perpétuelle remise en question. Je ne cherche pas de comédien(ne) qui « fasse bien », mais plutôt quelqu’un qui « fasse le maximum ». Je n’aime pas les individualistes qui cherchent avant tout à tirer leur épingle du jeu, au détriment de leurs partenaires. Il n’est jamais question de faire une démonstration, mais bien de travailler ensemble. Ce métier, c’est toujours un sport d’équipe.



LE PORTRAIT « CLÉMENT » :

Si tu étais une pièce de théâtre ?
Hamlet, de Shakespeare. Classique mais efficace

Si tu étais un auteur de théâtre ? Racine. Classique mais efficace

Si tu étais un comédien / une comédienne ? Robert Mitchum

Si tu étais un personnage ? Antoine Doisnel

Si tu étais un plat ? Un plat mexicain

Si tu étais un film ? Blade Runner, de Ridley Scott

Si tu étais un livre ? Des Souris et des Hommes, John Steinbeck

Si tu étais une destination de vacances ? Québec

Si tu étais un animal ? Je serai peut-être un végétal.

Si tu étais une œuvre d’art ? Un immense portrait

Si tu étais un super pouvoir ? J’adorerai être polymorphe.

Si tu étais une réplique de film / théâtre ou citation ? « Le problème avec les citations sur Internet, c’est qu’il est toujours compliqué de savoir si elles sont authentiques » Napoléon Bonaparte

Si tu étais un personnage de Friends ? Chandler

Si tu étais un sport ? L’escalade

Michel Sardou ou Johnny Hallyday ? Johnny Hallyday

Messi ou Cristiano Ronaldo ? Alors là… Je ne sais pas et je m’en fous !

Koh Lanta ou Top Chef ? Les deux. Koh-Lanta pour le sport, et Top Chef pour l’exigence

Film ou série ? Film

Fiction ou réalité ? Réalité

Boire ou conduire ? Conduire. Mais comme j’habite à Paris, je ne prends pas ma voiture…

Adam ou Eve ? Eve

Gloire ou Argent ? Argent

César, Oscars, Molière ou Palme ? Aucun.

Comédie ou Tragédie ? Les deux, pourquoi choisir ? Il y a du bon et du moins bon des deux côtés.

Monologue ou Dialogue ? Dialogue

Batman ou Joker ? Joker.

Improviser ou suivre le texte ? Là, c’est Papa ou Maman… Tout dépend du spectacle d’abord, mais aussi du directeur d’acteur, du metteur en scène etc. Malgré mon amour de l’improvisation, j’aime suivre un texte. Il faut de la place pour les deux. Donc les deux, tant que c’est fait avec sérieux.