Les secrets de coulisses au théâtre !

Secrets de coulisses…

Chaque corps de métier a son jargon, son florilège de superstitions et de traditions. Et de ce point de vue, le théâtre n’est pas en reste ! Nous vous proposons ici de revenir brièvement sur les dessous des traditions les plus connues et qui sont encore bien ancrées dans le paysage théâtral. Un inventaire non exhaustif !

Pourquoi dire « merde » pour souhaiter bonne chance à un comédien ?
Avant une représentation, ne vous avisez surtout pas de souhaiter platement « bonne chance » à un comédien… Ce dernier attend de recevoir un enthousiaste et bienveillant « merde » ! Cet encouragement peu banal tiendrait son origine du crottin déposé par les chevaux attelés aux calèches des spectateurs. La quantité de crottin étant alors corrélée au nombre de spectateurs se pressant à l’entrée du théâtre, le fameux « merde » prend tout son sens !

Pourquoi ne faut-il pas offrir un bouquet d’œillets à une comédienne ?
Remplacez plutôt les œillets par les roses ! En effet ces dernières symbolisaient la reconduite du contrat de la comédienne à l'époque où les théâtres avaient encore des acteurs permanents. A l’inverse, la comédienne qui se voyait recevoir un bouquet d’œillets, moins coûteux, comprenait qu’elle était remerciée.

Pourquoi le vert porterait-t-il malheur sur une scène de théâtre ?
L’historien des couleurs Michel Pastoureau revient sur l’histoire de cette superstition. Selon lui « Au XVIème siècle, la couleur dit un peu le rôle que l’on remplit sur la scène de théâtre » et « Le comédien qui joue en vert n'a pas un vêtement teint mais un vêtement peint ». Plus précisément, le vêtement est peint au vert-de-gris, un produit de corrosion du cuivre. Or il s’agit d’un pigment extrêmement toxique qui met en danger le comédien le portant.

Par ailleurs, la superstition se voit renforcée par la légende qui veut que Molière soit mort sur scène habillé…en vert !

Pourquoi ne peut-on pas prononcer le mot « corde » sur un plateau de théâtre ?
Cette superstition, comme plusieurs autres, vient du monde de la marine. Les régisseurs étaient dans un premier temps souvent issus des rangs de la marine, ces derniers ont donc emporté avec eux quelques-unes de leurs superstitions au sein des théâtres. Dans la marine donc, chaque cordage a un nom spécifique mais le nom générique « corde » est proscrit car il renvoie à un instrument de supplice. Le mot tabou pourrait également renvoyé au désespoir des comédiens miséreux retrouvés pendus dans leur loge de théâtre. La dernière piste d’explication serait liée au risque d’incendie dans les théâtres, notamment à l’époque de l’éclairage à la bougie. La « corde » renvoyait alors au signal de sécurité pour déverser les litres d’eau retenues dans les réservoirs pour éteindre les flammes. Pour ne pas déclencher de fausse alarme le mot était donc réservé aux situations d’urgence.



Pourquoi ne faut-il pas siffler sur scène ou en coulisses ?
Siffler sur scène ou en coulisses attirerait les sifflets du public. Cette superstition peut avoir plusieurs origines. L’une serait que les régisseurs de théâtre, (pour beaucoup d’anciens marins) utilisaient justement des sifflements codés pour communiquer entre eux les changements de décors. D’où le risque de confusion si un acteur se mettait à siffler en plein spectacle… L’autre explication viendrait de l’époque où les théâtres étaient éclairés au gaz. Le sifflement se rapprochant du bruit émis par une fuite de gaz, il a été tenu pour interdit de siffler dans un théâtre.

Pourquoi la pièce de Shakespeare « Macbeth » est-elle réputée maudite ?
La tragédie de Shakespeare est réputée maudite. C’est pourquoi on évite de prononcer son titre. On préfèrera parler de « la pièce écossaise ». Les acteurs interprétant les rôles principaux sont eux-mêmes désignés sous le nom de M et Lady M.

La supposée malédiction de la pièce est peut-être due aux scènes de combat, plus nombreuses que dans les autres pièces du maître anglais, et qui représentent autant de risques d’accidents.

L’explication purement économique serait que Macbth était généralement programmée dans les théâtres en difficultés financières car sa popularité assurait le renflouement des caisses. Ou à l’inverse, l’autre hypothèse est que le coût de production de la pièce sont si élevés qu’elle représente un suicide économique !